Magazine Le lundi, du 10 septembre 1977
Entrevue de Gilles Léveillée avec Priscilla Beaulieu
Mme Beaulieu, comment ressentez-vous la mort de votre ex-mari, Elvis Presley ?
J'ai très mal, je ne peux en dire plus long.
Pourtant, vous ne l'aviez pas vu depuis très longtemps ?
Ce n'est pas important le fait de se voir souvent ou pas du tout, après une rupture. Ce qui fait mal, c'est qu'il soit mort, qu'il ait souffert, c'est qu'il soit parti si jeune. Ce n'est pas juste, la vie n'est pas juste. Je m'en rends compte de plus en plus.
Quand l'aviez-vous vu pour la dernière fois ?
Je ne me souviens pas la date, je sais qu'il avait été très gentil et que nous nous étions rappelés de bons souvenirs ...
Quels souvenirs ?
Un 30 avril... un beau jour de printemps...
Pourquoi le 30 avril ?
C'était le jour de notre mariage. Tout était beau. Nous étions au comble du bonheur. Et maintenant, il est mort si jeune. Il me semble que c'est hier.
Vous regrettez le divorce et tout ce qui est arrivé après ?
Non, c'était nécessaire... il fallait nous quitter, mais je regrette que la vie nous amène à faire ces choses-là, malgré nous souvent, à cause de toutes sortes de circonstances incontrôlables.
Vous croyez que le divorce l'ait marqué ?
Je ne comprends pas...
Vous croyez que le divorce l'ait marqué pour longtemps. L’ait empêché d'être heureux ?
Je ne sais pas. On ne divorce jamais avec plaisir. C'est la fin de l'amour, d'un grand rêve... ça fait mal.
Comment avez-vous appris la nouvelle de sa mort ?
Par la télévision... c'est terrible. Je pleurais, je n'y croyais pas. Je n'y crois pas encore... Il me semble que je fais un cauchemar interminable, sans fin. Je me dis que ce n'est pas vrai. Je suis si fatiguée de toute cette publicité qui entoure la mort d'Elvis. Il est comme un objet qu'on montre partout. Il est un dieu maintenant.
Vous semblez amère ?
Oui...
Pourquoi ?
Parce qu'il faut qu'on meure parfois pour que les gens réalisent que nous souffrons.
Vous croyez qu'il souffrait ?
J'en suis sûre. On ne meurt pas comme ça à quarante ans sans souffrance morale ou physique. On se bat avant de mourir.
Vous croyez qu'Elvis avait encore le goût de vivre ?
Il l'a toujours eu, même dans les années les plus noires, les plus tristes.
Vous avez revue Lisa-Marie, récemment ?
Oui, je la voyais souvent. Je suis restée sa mère. Elle avait besoin de moi. Mais il est beaucoup trop tôt pour discuter de cela. Il vient à peine de mourir.
Vous croyez que Lisa-Marie aura besoin de vous ?
Elle a toujours eu besoin de moi, comme d'Elvis.
Au même moment. Un commentateur de le N.B.C. lui demandait quels étaient ses projets immédiats.